L’aménagement intérieur fut réalisé en frêne et en chêne. Planchers et fonds de banettes étaient en contreplaqué ordinaire.
- Dans le carré du petit bou
- Derniers préparatifs avant le départ
La réalisation ne fut pas si simple... car les membrures ployées ne permettent pas de fixer quoi que ce soit, et les seuls points de fixation furent les barreaux, les varangues et les serres de bouchain.
J’ai trouvé finalement un moteur d’occasion, acheté au patron du Tounga qui bouclait un tour du monde et qui désirait mettre un moteur plus puissant pour croiser en Méditerranée. Ce moteur, un solide monocylindre de 9 chevaux, avec démarrage à la manivelle [1] et un petit réservoir incorporé, s’est montré bien peu gourmand à l’usage [2] mais on ne l’utilisait que lorsque les manœuvres à la voile étaient impossibles...
Le mât a été réalisé dans un poteau EDF abandonné. D’abord dégrossi à la plane, puis au rabot à main, patiemment, jours après jours.
Comme souvent, je découvrais la technique tout en la mettant en œuvre ! Et je n’espérais pas réussir un mat parfaitement droit... Mais avec les bons conseils [3] de Michel, patron du "Denmat", ce fut pourtant le cas !
Pour le protéger, il a été gorgé d’huile de lin chauffée.
Le haubanage en câble de 8 galvanisé a été épissé comme au bon vieux temps, sur cosses et à l’allemande. Mais j’étais moins satisfait des ferrures de mat, grossièrement soudées, lourdes et bien peu esthétiques... Mais bon, elles étaient solides et n’avaient pas couté bien cher...
J’ai réalisé moi-même le jeu de voiles, grâce aux bons conseils de Jean-Charles, le voilier de "Roussillon Marine", et dans son atelier. La grand voile houari, un foc et une trinquette, un génois léger, et un tourmentin, qui n’a d’ailleurs jamais servi... Bien dessinées et sérieusement renforcées, elles se sont révélées efficaces et solides.
Pour cuisiner, nous avions trouvé d’occasion un Primus à cardan avec un four, un luxe appréciable ! Et nous nous éclairions à la lampe à pétrole. En fait il y avait aussi une batterie qui se rechargeait quand le moteur tournait, mais elle n’alimentait que les feux de route, un éclairage au dessus des cartes et un éclairage de secours au dessus du moteur.
Pour les cordages, ils furent tous réalisés dans un premiers temps à l’aide de saisines [4] de polypropylène. Elles ne dépassaient jamais 4 mètres, aussi fallait-il faire de nombreuses épissures longues pour obtenir des cordages assez longs...
Enfin, il fallait bien du matériel... Mais tous les amis y allaient de leurs bien utiles cadeaux ou recherchaient avec nous ce qui devait être acheté d’occasion, et bientôt, plus rien de manquait pour l’armer en 5ème catégorie. Impossible de nommer tous nos généreux amis, mais il faut au moins citer Alain Blanchet, Marc Lanos et Jean-Charles Le Goff [5], qui prêtaient ateliers et outillage.
- Le sextant du bord
- Avec vernier et limbe en argent... et loupe !
Bien sûr, la sonde était à main, le loch à la traine, et des pennons nous disaient tout du vent... Le compas était un "camembert" [6]. Efficaces et solides, les camemberts étaient souvent utilisés sur les historiques doris.
Un vieux sextant, une montre japonaise - neuve ! ! - et un bouquin anglais d’éphémérides [7] ont permis de faire une navigation sans problèmes.
Notre annexe était une "Prout and Son" pliable. Construite en bois et toile, elle était particulièrement instable déjà avec le plus petit clapot.
Et nous avions même une survie, ancienne mais en bon état que nous avions nous-même très sérieusement révisé.
Pour restaurer et ré-armer le Petit Boulinier, nous avions dépensé environ 15 000 francs et travaillé sans ménager nos efforts...
Efforts bien récompensés ! ! Puisque les premiers bords nous ont pleinement rassuré sur son comportement à la mer.