La coque demandait d’importants travaux... Et dès que ce fut possible, on l’a tirée à terre au chantier Roussillon Marine.
- Dans le petit bou...
Dans les fonds, plusieurs bordés étaient pourris, comme aussi quelques varangues en chêne. Pour les membrures ployées, il y en avait seulement deux de cassées mais les carvelles [1] de cuivre demandaient à être repointées pour resserrer le rivetage.
Le pont était en cèdre entoilé et peint. Cette méthode pour rendre étanche les ponts des petits yachts était courante à cette époque, et efficace... mais le moindre accroc dans la toile était synonyme de fuite par le pont, et de pourrissement un jour ou l’autre.... J’ai choisi, plutôt que de refaire un entoilage, de doubler le pont d’une fine feuille de contreplaqué collée. Recouvert d’une poudre de liège [2] avant d’être peint, ce contreplaqué a parfaitement assuré l’étanchéité du pont...
Le roof, en teck, n’avait guère souffert durant ces années d’abandon, par contre il n’y avait plus qu’un trou dans le pont en guise de cockpit. Au moment de le refaire, j’en ai beaucoup diminué la taille, d’une part pour qu’il soit auto-videur (ce qui n’était jamais le cas sur les petits yachts de cette époque...), et d’autre part pour ménager dessous un emplacement suffisant pour pouvoir poser éventuellement un moteur diesel, lequel restait à trouver...
De simples ronds de plexiglass, efficaces mais bien inesthétiques, remplaçaient les hublots...
Et toute les étanchéïtés de liaisons, pont-coque, pont-roof, etc, furent faites à l’ancienne, avec du mastic de vitrier pris sous des baguettes quart de rond, ou demi-rond. Aussi rudimentaire que cela soit, c’est toujours resté bien étanche dans les conditions de temps normales...
L’ensemble de la restauration de la coque a été fait avec de l’outillage manuel... Parce que j’achetai, si nécessaire, plutôt des outils à mains. Ce choix tenait compte du projet de voyage à venir avec le petit bou, que je voyais plutôt entre criques et ports de pêche, et certainement pas de marinas en marinas, où l’on trouve bien sûr du 220V, mais aussi des capitaines de port avec de lourdes factures de stationnement à acquitter...
- Camille
- Assise sur une varangue, dans les fonds du petit bou
Enfin on l’a jeté à l’eau ; le petit bou était totalement vide, hors un contreplaqué qui servait de bannette dans le triangle avant, mais il était parfaitement étanche et débarrassé de toute pourriture... On s’y est installé pour y vivre, et très progressivement le plan d’aménagement s’est dessiné...
En attendant, pour manger, on s’asseyait sur une varangue et on cuisait sur un réchaud-bleuet à même les fonds. Rien de tel qu’un modeste chez soi pour être heureux !
Quant au coin du port qui nous a hébergé, c’était naturellement celui des pêcheurs... sans eau et sans électricité, mais incontestablement gratuit pour le pêcheur et la fille de la poissonnière que nous étions...